"Je me sens fini; mais tout ne finit pas en moi.
Mon récit est interrompu, parce que je ne
connais pas le premier mot du prochain
épisode. Mais tout se résoudra en beauté. J'ai
confiance aveuglément même si je ne connais
rien du chapitre suivant, mais rien sinon qu'il
m'attend et qu'il m'emportera dans un
tourbillon. (...) Tous les mots de la suite me
prendront à la gorge (...). Les pages s'écriront
d'elles-mêmes à la mitraillette: les mots
siffleront au-dessus de nos têtes, les phrases se
fracasseront dans l'air..."

Hubert Aquin, Prochain épisode, Montréal, Cercle du livre
de France, 1965, p. 171-173.







hoofdstuk 7
hoofdstuk 8, §4, p. 12; §12, p. 24
hoofdstuk 11, §8, p. 30

l'eaubscène

Première vision. Tout est théâtre. L'héroïne devenue comédienne, assise sur la rampe de la scène, boit sa bouteille d'encre. Elle balance les jambes dans le vide de la salle où quelques spectateurs attendent. Et voilà qu'elle écarte délicatement les cuisses. Lentement, très lentement mais sans qu'il soit possible de douter de l'indécence en train de s'accomplir sous nos yeux. De la fente improbable une encre singulière a commencé de couler. Nous sommes à la limite du tragique. À l'instant insaisissable où l'héroïsme tourne à la comédie. La vision s'est évanouie. Seul le petit lac d'encre continue de se déverser goutte à goutte.


Anne Élaine Cliche - La pisseuse




hoofdstuk 7
hoofdstuk 8, §4, p. 12
hoofdstuk 11, §8, p. 30